Un ancien DIIJ face au RIJ…

Publié: septembre 26, 2008 dans Insertion/missions locales

Pierre-Jean Andrieu, ancien délégué interministériel à l’insertion des jeunes (DIIJ), réagit à l’annonce de la création du Réseau insertion Jeunes. Avec son accord et celui de l’ANDML, à qui il a fait parvenir cette opinion, nous publions cette réaction très intéressante… comme vous pourrez le constater.

Bonjour,

Je viens de prendre connaissance avec beaucoup d’intérêt de l’appel du Réseau Insertion Jeunes et vous livre une première réaction « à chaud ». La fédération de vos quatre associations et le poids qu’elles représentent du fait de l’importance considérable du nombre de jeunes qu’elles accompagnent chaque année constituent à l’évidence un élément « novateur » dans la construction d’une représentation « nouvelle » de la question jeune dans notre pays.
Dans un contexte marqué par la sortie du contrat d’autonomie et l’appel d’offre auquel a donné lieu ce nouveau dispositif, je comprends que vous ayez assorti le rappel de la situation difficile, et parfois dramatique, d’une fraction importante de la jeunesse de ce que l’article des ASH présente, de manière un peu insistante et bien sûr discutable, comme un plaidoyer « pro domo ».
Il serait sans doute intéressant d’envisager d’élargir par la suite la focale. La question de l’insertion est du fait même des transformations du système productif, et de la manière dont ces transformations sont régulées, une question « pérenne », pour ne pas dire « structurelle ». Doit-on pour autant, du point de vue des politiques publiques, ne la traiter que comme une question en soi ? Ne serait-il pas utile d’essayer, comme le propose le rapport du Commissariat au Plan
Jeunesse, le devoir d’avenir
{dont Pierre-Jean fût une plume inspirée, ndlr}, d’inscrire les dispositifs d’insertion professionnelle dans une reforme plus structurelle de l’articulation entre le système éducatif et le système productif, autour d’un droit à l’éducation formation tout au long de la vie, qui concerne l’ensemble des citoyens, l’ensemble des jeunes, et dont les dispositifs d’insertion sont une déclinaison particulière… à valeur d’un véritable « droit individuel », déclinaison du droit général, ce qui permet de mettre fin à l’instabilité des dispositifs.
Une approche de ce type peut permettre de fédérer, autour de la question jeune, beaucoup plus largement. Elle n’est peut-être pas dans l’air du temps, encore que… le temps d’un retour du renforcement des régulations collectives n’est peut être pas si lointain compte tenu de l’ampleur des défis de tous ordres.
{de tous désordres aussi, ndlr}.

Décidemment je n’arrive pas à me faire à l’idée que la société n’aurait d’autre proposition pour organiser le vivre ensemble que l’unique injonction: vous êtes responsables/soyez responsables… On va accompagner chacun des individus que vous êtes… Décidemment, tout cela m’a l’air d’un plaidoyer pro domo (je pense à tous ceux avec qui j’ai travaillé à la DIJ et au CGP).
A votre disposition.
Amicalement.
Pierre-Jean Andrieu.

Et aussi, toujours sur le RIJ…

Sur son blog (1), Michel Abhervé vient d’écrire un article pertinent sur la discrimination à l’encontre des jeunes qui sont exclus du RSA… celui-ci étant pourtant considéré, selon les termes de son promoteur Martin Hirsh, comme une « rénovation complète de la politique d’insertion ». Rénovation pour le moins limitée, en ce qui concerne l’éligibilité, aux critères d’âge du RMI… qui date de 1988 ! Une contribution d’un lecteur, concernant les missions locales et le RIJ, pose à mon sens de bonnes questions dont celle-ci.

{la situation actuelle d’exclusion des jeunes du RSA tient à} « un manque de communication – je suis au regret de le dire – des « réseaux » qui ont en charge l’accompagnement des jeunes : certes ils ont été peu invités lors du Grenelle, certes il a été découvert la notion d’accompagnement global (27 ans après le rapport de Bertrand Schwartz et sa mise en oeuvre par les Missions locales), certes il existe un droit à l’accompagnement des jeunes, certes il y a des résultats… Mais ce que tout le monde souligne (pour n’en citer qu’un, L’insertion des jeunes sans diplôme, un devoir national, rapport n° 9 du CERC) n’a pas fait depuis 27 ans l’objet d’une analyse globale qui tienne compte à la fois des changements que notre société a connus et va connaître, de ce qui a été réalisé et de ce qui pourrait l’être, des attentes des jeunes…
Un réseau pour l’insertion des jeunes vient d’être créé… Espérons qu’il puisse rapidement poser les termes du débat… et que ce blog pourra être – entre autres – un lieu d’échanges… »

(1) http://alternatives-economiques.fr/blogs/abherve/2008/09/22/quel-revenu-pour-les-jeunes-particularite-ou-discrimination/#comments

Laisser un commentaire